En 1995 Ivar Ch’Vavar trouve (comme sur son chemin) un titre, Hölderlin au mirador. Ce titre n’a pas de signification (et n’en a pas encore trouvée, après vingt-cinq ans) mais Ivar Ch’Vavar le prend comme un signal, celui qui lance la grande entreprise dont il rêve : écrire un poème au long cours sans rien en savoir d’avance, courant sa chance en prenant tous les risques, y compris celui de l’échec.
Toutes règles seront abolies, sans parler des « convenances ». Mais deux options sont prises :
• que le poème soit marqué d’un esprit collectif ;
• qu’il soit fortement oral et musical : qu’il puisse être porté par la voix.
Cependant, il faut qu’il fasse entendre un son vraiment nouveau, et pour cela Ivar Ch’Vavar va l’écrire dans un mètre radicalement arythmique, qui oblige à remettre la musique en jeu à chaque pas ; non seulement pour l’auteur, mais le lecteur aura à son tour à « interpréter » le texte un peu comme une partition, et qui dit « interprétation » dit qu’il aura, ce lecteur, des choix à faire, une difficile liberté à assumer.
Ce mètre, c’est le vers arithmonyme, déterminé par le nombre des mots (tous les vers de Hölderlin au mirador ont onze mots).
Nous espérons donc que cette troisième édition, présentée avec chaleur par Yves di Manno, sera l’occasion pour le poème de trouver avec de nouveaux lecteurs, de nouveaux proférateurs.