La philosophie s'est beaucoup intéressée au hasard mais peu aux coïncidences, ces parentés inattendues entre événements relevant de séries causales indépendantes. Pour les penseurs déterministes (Stoïciens, Spinoza, Schopenhauer...) elles s'inscrivent tout simplement dans l'ordre des choses, un ordre causal universel et implacable. Pour la science moderne, qui a progressivement reconnu la puissance du hasard, la quasi-totalité des coïncidences trouvent leur explication dans les seules lois statistiques. Le nombre d'événements de l'Univers est si grand, les séries et combinaisons possibles si nombreuses que même l'improbable parvient à se produire. Telle est la thèse rationaliste classique sur les coïncidences. En même temps, on sait qu'il y a, en physique, des exceptions aux lois du hasard, des coïncidences inexpliquées pour lesquelles l'appel à un espace de paramètres cachés est parfois plus plausible que les distributions probabilistes. Pour étudier celui-ci, nul recours à l'irrationnel. La géométrie suffit. Le terme de « co-incidence » ayant à voir avec l'espace et les applications entre espaces, la théorie mathématique dite de la coïncidence (coincidence theory), qui généralise celle du point fixe, pourrait alors contribuer à éclairer la question. Telle est, du moins, l'hypothèse suivie dans cet ouvrage.